Allô, mon thérapeute ? T'es où ?
Parue dans Le Nouvel Observateur (supplément Ile de France) n° 1903 du 26 avril 2001


Il est 22 heures. Catherine se met à l'aise, allume une lumière tamisée et saisit le combiné. C'est l'heure de sa séance de thérapie par téléphone. Depuis un an, cette femme de 55 ans a choisi de s'épancher chaque semaine par onde interposée.
"La première fois, j'ai appelé parce qu'il me fallait quelqu'un tout de suite. J'étais en grande détresse. Je me suis aperçue alors que la formule me convenait très bien. Pas de transport, des séances tardives..."

L'association Deixis/Psytel propose des thérapies par téléphone tous les jours de la semaine, de 9 heures à minuit. Pour ceux qui habitent en province ou à l'étranger, les Franciliens lassés des transports, les mères de famille débordées, cette formule constitue une alternative de choix. D'autant "que le travail de thérapie est pratiquement le même qu'en cabinet", constate Ety Braitbart, psychologue à l'association. "Cela va même plus vite", remarque-t-elle.
"En absence d'image, la voix se charge en intensité émotionnelle. Le moindre soupir ou sitence prend alors tout son sens"."Sous le regard des autres, on se laisse aussi moins aller", ajoute Alain Siciliano, responsable de t'association. "Le téléphone est très désinhibiteur. Nous avons des patients qui n'oseraient pas le face-à-face",confirme Dominique Vincent, psychothérapeute.
Peur du regard du thérapeute, de son jugement, de ses a priori : "je ne voulais pas qu'on sache que je suis noire", raconte Corinne, qui souhaitait que ta relation "reste neutre, d'égal à égal". Certains patients ont aussi la hantise de tomber amoureux de leur thérapeute. Le téléphone crée la distance. Avec le risque que la relation thérapeutique parte trop dans l'imaginaire. D'où t'intérêt parfois d'organiser une rencontre. "Pour mieux connaître la personne, et mieux l'aider", explique Dominique Vincent.