Psys à domicile
Parue dans Observations & Témoignages n° 15

Si les services de "téléphonie sociale" proposent une forme de "réconfort psychologique", de nouvelles offres apparaissent sur le thème de la "psychothérapie par téléphone". Souvent de nature commerciale, mais pas toujours, ces services revêtent des formes très variées. Revue partielle de détails.
[Psytel], une forme souple et discrète :



Une ouverture aux personnes isolées qui n'ont pas le temps de se rendre chez un psychothérapeute ou redoutent le face-à-face :

"Pour la première fois en France, une équipe de psychothérapeutes expérimentés propose un travail psychothérapeutique suivi par téléphone" : telle est l'approche de l'association Psytel, créée en septembre 1998. Celle-ci offre un service d'écoute (7 jours sur 7, de 9 h à minuit) et met en contact la personne qui appelle, si elle le souhaite, avec un thérapeute partenaire de l'association. L'entretien coûte 350 F (ou moins si l'appelant en fait la demande écrite), débités par carte bancaire ou réglés au préalable par chèque ou mandat.

"Notre vocation n'est pas spécifiquement de traiter les appels d'urgence, précise Alain Siciliano, fondateur de Psytel, mais de proposer un suivi thérapeutique aux personnes qui le souhaitent. Notre standard se charge de tous les aspects administratifs : mise en relation avec le psychothérapeute, règlement des entretiens, reroutage des appels vers le thérapeute, qui répond de son domicile ou de son cabinet. Les appels sont a priori anonymes : les appelants peuvent ne donner qu'un prénom. Ils connaissent en revanche le nom de leur thérapeute". Ce service a fait l'objet d'annonces publicitaires dans la presse, d'articles dans des magazines et sa promotion a également été assurée par l'intermédiaire de mailings auprès de professionnels.



Une écoute "directive" d'inspiration clinique pour identifier la demande thérapeutique :

Les psychothérapeutes (une vingtaine) ne sont ni médecins ni psychiatres, "car ces professions n'ont pas le droit de consulter par téléphone", précise Alain Siciliano. Ils sont psychologues diplômés ou psychothérapeutes de diverses spécialités (Gestalt, thérapie du mouvement, psychodrame, etc), exerçant la psychothérapie depuis plus de trois ans et justifiant d'une pratique individuelle ou collective, privée ou institutionnelle. Environ deux cents entretiens ont été assurés depuis six mois.


Pour certains appelants, l'effet amplificateur du téléphone n'est pas suffisant: il leur manque la relation en miroirs qui passe par le regard.

"Cette forme de psychothérapie par téléphone correspond à une demande, assure Michel Lobrot, psychothérapeute et professeur émérite de l'université de Paris VIII. C'est une possibilité nouvelle et complémentaire aux autres formes de psychothérapies. Elle offre une ouverture aux personnes isolées, à celles qui n'ont pas le temps de se rendre dans un cabinet, à celles qui craignent d'affronter un thérapeute en face-à-face, ou qui, ayant déjà fait cette expérience, choisissent de tenter, simultanément ou non, cette forme d'entretien par téléphone, souple et discrète." Pour Michel Lobrot, le cadre institué par la conversation téléphonique est compatible avec la conduite d'une thérapie : "le support unique de la voix crée une intimité paradoxale et le thérapeute est tenu à plus d'empathie. Il doit manifester sa présence constamment et faire preuve d'une grande concentration. Il dispose de moins d'informations qu'en situation de face-à-face. Ce système ne favorise-t-il pas la libération de l'imaginaire, pour le patient comme pour le thérapeute ? Le transfert est différent, le contre-transfert sans doute abîmé, mais cela est compensé par une plus grande liberté d'expression. La théorisation se mettra en place avec le temps, mais notre expérience montre que le téléphone peut être un moyen thérapeutique."